“Suffit-il d’avoir raison pour convaincre ? »


La communication est une activité complexe en lien étroit avec la psychologie.

Car communiquer touche à un ensemble de connaissances où chacune d’entre elle fait l’objet d’étude d’une science spécifique.  Par exemple : la linguistique, comme nous l’avons vu, s’intéresse à l’aspect formel (syntaxe, grammaire, rhétorique, sémiologie, etc.), les sciences cognitives, étudient les processus mentaux à l’œuvre au cours d’un “acte de communication”, les sciences sociales déterminent les caractéristiques de l’interaction entre émetteur et récepteur (nature de l’échange entre les interlocuteurs, processus d’influence, etc.

La théorie sociale d’Edgar Morin stipule que la communication sert principalement à trois choses :

 1) prendre ou apporter de l’information, (la circulation de l’information)

 2) expliquer (faire appel à des connaissances, contextualiser et globaliser l’information de manière objective), et

 3) comprendre (dimension subjective à l’intérieur de la communication).

Mais un des objectifs essentiels de la communication est celui d’agir sur autrui. Cet aspect est donné par la fonction conative.

Dans le modèle de Jakobson elle est, comme on l’a vu, centrée sur le destinataire du message. Autrement dit, la fonction conative agit sur la personnalité de l’interlocuteur et ses effets sont censés l’influencer, lui faire adopter le point de vue qu’on vient d’exposer, ou le contraindre à l’accepter à travers des menaces, ou la séduction. A partir de ces considérations nous pouvons distinguer deux stratégies de communication selon les rapports à l’intérieur elle s’inscrit : 

  • Rapports de force (stratégie de conquête de pouvoir : elle se caractérise par une pression psychologique sur son interlocuteur, par des signes d’affrontement, de conflit, d’intimidation, de manipulation, etc.)
  • Rapports de séduction (r un rapport fondé sur l’attirance, la sympathie, la complicité, la persuasion, etc.)

Essayons avec ces critères de répondre à la deuxième question :

“Suffit-il d’avoir raison pour convaincre ? »

Cette question fait partie des chemins battus de la philosophie. On rapporte souvent le cas de Socrate, Galilée, Spinoza qui, chacun a eu raison dans son domaine scientifique, mais ils n’ont pas convaincu leurs contemporains. De l’autre côté, on peut citer Descartes et Kant qui ont été convaincants sans avoir tout à fait raison. Kant pensait que la psychologie n’est pas et ne peut pas être une science et que toute personne de bon sens peut être psychologue.

Ceci démontre que le chemin du psychologue est bien plus complexe que l’on imagine, car il ne doit pas se résumer uniquement aux concepts, comme « raison », « avoir raison », ou « convaincre », mais, comme on l’avait montré avec la fonction conative, le psychologue étudie le chemin de l’information et relève les causes qui ont comme effet les erreurs de communication. Car, si pour convaincre, il ne suffit pas seulement d’avoir raison, ceci démontre que l’acheminement de l’information (message) dans la mémoire individuelle ou collective, se fait

La communication est une relation entre deux ou plusieurs protagonistes et elle peut avoir un caractère professionnel, intime, ou social. Les rapports d’ordre social s se caractérisent au niveau de la communication par trois axes principaux : la symétrie ou l’asymétrie, le degré de familiarité entre les interlocuteurs et le degré de convergence ou de divergence.

Pour montrer que nous avons raison nous avons deux options en communication : maximiser les profits (se mettre en avant, chercher à briller, tirer avantage de la situation, affirmer avec force ses convictions en faisant son maximum pour que son interlocuteur y souscrive, ce qui signifie souvent : sortir à tout prix “vainqueur de la confrontation” à la façon de Schopenhauer qui enseignait « L’art d’avoir toujours raison »), soit minimiser les risques (ne pas s’exposer inutilement, garder une réserve prudente afin de ne pas commettre d’impairs, se ménager des portes de sortie, ne pas chercher à agir sur son interlocuteur qui n’est pas réceptif, etc.), les deux stratégies pouvant alterner chez la même personne suivant les lieux et les moments de l’interaction.

La première stratégie est compétitive et maximiser ses gains veut dire vouloir dominer dans un rapport de forces non-linéaire. Ce genre d’option dénote un caractère faible avec une faible estime de soi. La deuxième stratégie est plus valorisante et favorise la communication puisque la position dominante a été abandonnée en la faveur d’une collaboration et estime réciproque.


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